Cinq amies, un livre. Chaque mois le ton est donné. Un univers, un auteur différent, mais toujours passionnant ! Faites comme nous, donnez votre avis ou proposez un livre.
La photo et l'inspiration de la semaine :
Je mordillais mes lèvres, cigarette à la main quand je les vis arriver. Sergio et Mario, les deux parrains de la mafia sicilienne dont je fais partie. Ils se croyent forts, leur voiture anglaise spécialement importée par eux et pour eux. Ah! Ils avaient fait une grande impression quand les gosses du quartier étaient descendus au port pour les mater et essayer de gagner leurs faveurs pour avoir le droit à un tour rapide dans leur engin.
Moi, ça me fait bien rire quand je les vois tous les deux, frères inséparables. L'un au volant, toujours à crachoter et modiller son cigare à l'odeur entêtante. L'autre à lire son journal anglais en regardant tout le monde de haut, les pupilles au-dessus de ses grosses lunettes bien rondes.
On a beau dire, malgré la peur qu'ils nous inspirent, on les aime bien par ici. Ils nous donnent du travail. Enfin ce sont surtout les hommes les plus heureux parce que moi je me serais volontiers passer de faire la "dealeuse d'amour". Ah! que je déteste ce terme ! Les hommes eux l'adorent, accros qu'ils sont au plaisir facile et inconscients de ce que cela représente pour moi. Et pour toutes les femmes comme moi. On croit que ça va s'améliorer, passer et peut-être qu'un jour on aimera ça. Mais c'est un leurre. Une tendre promesse que Mario et Sergio se plaisent à raconter. La voix suave et les mots doux, on croirait tout ce qu'ils racontent.
Ils le savent quand ils me regardent comme ça. Je vais partir, me faire la malle. J'expluse la dernière bouffée de tabac, la fumée s'envole en disparaissant. J'écrase négligemment ma cigarette, la réduisant à l'état de mégot. Je monte dans la voiture de qui sera mon dernier client. Le grand départ, c'est ce soir.
V
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